1 Croyances et superstitions

Les superstitions ont fait leur apparition avec celles des croyances et remonteraient à la nuit des temps, à l'époque de l'homme de néandertal, lequel a commencé à ensevelir les morts : preuve d'une croyance d'une vie après la mort.

Les superstitions sont le pendant de ces croyances. On croit en une divinité et dans un même temps en une superstition. Par exemple, les chrétiens croient en Dieu et fustige le diable.

Pour les païens, le christianisme était une superstition et réciproquement d'ailleurs.

De tous temps, les superstitions ont existées et parviennent encore jusqu'à nous sans que nous sachions réellement qu'elles sont leurs origines.

Voici quelques superstitions commentées :

porte-bonheur

universel

Le fer à cheval fut de tout temps un fétiche privilégié. Ce furent les Grecs qui l'introduisirent les premiers, au IVème siècle de notre ère. Selon la légende cependant, ce fut St Dunstan qui donna au fer à cheval, accroché au-dessus d'une porte d'entrée, son pouvoir spécifique contre les forces du Mal.
Selon la tradition, Dunstan, un maréchal-ferrant qui allait devenir archevêque de Canterbury (959), reçut un jour la visite d'un homme qui voulut se faire fixer des fers à cheval sous les pieds, qu'il avait étrangement fourchus. Dunstan comprit immédiatement que son client n'était autre que Satan en personne et, sans perdre son sang-froid, il lui expliqua que pour ce faire, il était obligé de l'enchaîner au mur. Le saint rendit ensuite l'opération si douloureuse que le diable, prisonnier de ses entraves, cria grâce.
Dunstan ne lui rendit sa liberté qu'après lui avoir arraché le serment solennel de ne jamais pénétrer dans les maisons dont la porte d'entrée est surmontée d'un fer à cheval.
Depuis cette date, les chrétiens l'ont d'abord placé au-dessus de leurs portes, puis au milieu, où il remplit alors la double fonction de talisman et de heurtoir.
De là remonte l'origine du marteau de porte. Les chrétiens célébrèrent un certain temps la Saint-Dunstan le 19 mai en organisant des jeux de fers à cheval.
Pour les Grecs toutefois, les pouvoirs magiques du fer à cheval émanaient de sources tout à fait différentes : d'une part, le fer à cheval était en fer, métal censé repousser le Mal, d'autre part il avait la forme d'un croissant de lune, longtemps considéré comme un symbole de fertilité et de chance.
Au Moyen Age, lorsque la hantise de la sorcellerie envahit les esprits, le fer à cheval fut doté d'un nouveau pouvoir : on pensait que les sorcières voyageaient sur des balais parce qu'elles avaient peur des chevaux. Ainsi, toute femme accusée de sorcellerie était enterrée dans un cercueil sur lequel était cloué un fer à cheval, pour prévenir une éventuelle résurrection. En Russie, le maréchal-ferrant avait la réputation de pratiquer la « magie blanche » contre la sorcellerie, et les serments solennels étaient prêtés sur des enclumes employées à la fabrication des fers à cheval.

Autre version : (selon William Gras-internaute: source à confirmer) : au Moyen Age, les chevaux ferrés étaient utilisés par la noblesse ; les clous utilisés pour fixer le fer au sabot étaient des clous en or. Trouver un fer à cheval équivalait donc à trouver les clous en or associés, qui évidemment pouvaient ramener de l'argent au logis. La notion de chance y serait associée.
NB : sans pour autant être en or, le fer, métal réutilisable, valait à l'époque beaucoup d'argent pour celui qui le trouvait. Il vaut mieux le comprendre en ce sens ; car d'une part l'or est un métal mou et les voyageurs nobles changeaient souvent de chevaux dans les relais pour poursuivre leur périple avec un cheval bien reposé.

Une chose est sûre : il ne porte bonheur qu'à condition d'être trouvé par hasard sur un chemin, d'avoir l'ergot [qui s'accroche à la corne du sabot] tourné vers le sol et de comporter sept trous, quatre sur la branche gauche, trois sur celle de droite. Il protège du Diable lorsqu'il est cloué en forme de C [initiale du Christ], face à la porte d'entrée. Certains prétendent qu'il faut l'accrocher pointes vers le haut, afin que ses pouvoirs ne s'échappent pas !

synonyme de chance

Ce fut l'extrême rareté des trèfles à 4 feuilles (un trèfle n'en possède que 3) qui les rendit sacrés aux yeux des druides adorateurs du Soleil qui vivaient dans l'ancienne Angleterre (200 av-JC).
Ces druides, dont le nom celte, dereu-wid, signifie "sage du chêne" ou "qui connaît le chêne", avaient fait des forêts de chênes leur lieu de culte. Le trèfle à 4 feuilles conférait à son possesseur le pouvoir de déceler la présence de démons ; il suffisait alors de prononcer les incantations adéquates pour abolir leur influence maléfique. Ce que nous savons sur l'origine de cette superstition nous vient principalement des écrits de Jules César et de la légende irlandaise.

A présent, les trèfles à quatre feuilles ne sont plus si rares. Dans les années 1950, en effet, des horticulteurs ont mis au point une graine produisant uniquement des trèfles à quatre feuilles. On les voit aujourd'hui pousser par millions dans les serres ou sur les rebords des fenêtres. Cette soudaine profusion prive non seulement la petite plante des pouvoirs magiques que lui conférait son extrême rareté, mais ôte également tout le plaisir et la fierté que l'on tirait autrefois de sa découverte.

miroir brisé

7 ans de malheur

 

Cette superstition reste l'une des plus répandues aujourd'hui : , elle est née bien avant l'apparition des premiers miroirs de verre. Elle trouve son origine à Rome au 1er siècle av-JC.
Les premiers miroirs que possédaient les Égyptiens, les Hébreux et les Grecs de l'Antiquité étaient fabriqués à base de métal poli (cuivre, bronze, argent ou or), et étaient incassables. Vers le 4ème siècle av-JC, les Grecs s'en servaient pour la catoptromancie (divination), qui utilisait du verre fin ou des cruches de terre cuites remplies d'eau. Le récipient plein d'eau (miratorium pour les Romains) était censé révéler l'avenir de la personne dont l'image s'y reflétait. Les prédictions étaient déchiffrées par un voyant. Si l'un de ces miroirs glissait et se brisait, ce dernier pouvait interpréter la chose soit la personne n'avait pas d'avenir (il ne lui restait guère de temps à vivre), soit les épreuves qui l'attendaient étaient terrifiantes.
Au Ier siècle ap-JC, les Romains adoptèrent cette superstition en y ajoutant une petite note personnelle, qui subsiste encore à présent. Persuadés que l'état de santé d'un individu évoluait selon des cycles de sept ans, ils en déduisirent que le miroir, qui reflète l'apparence d'une personne, et donc son état de santé, augurait sept ans de maladie ou de malchance s'il se brisait.
Au XVème siècle, les premiers miroirs plats, cassables, recouverts d'une couche d'argent, étaient fabriqués à Venise. Ils étaient fort coûteux et exigeaient le plus grand soin dans leur manipulation et les maîtresses de maison répétaient inlassablement aux domestiques chargés de les entretenir qu'un miroir brisé équivalait à sept ans de malheur (ou par extension les domestiques seraient privés de salaire pendant 7 ans pour rembourser le miroir brisé).

le chiffre 13

vendredi 13

Parmi toutes les superstitions, le malaise suscité par le nombre 13 est celui qui touche le plus grand nombre aujourd'hui.
En France, par exemple, de nombreuses rues ne comportent pas de numéro 13. En Italie, la loterie nationale a supprimé le 13. Sur les vols nationaux et internationaux, de nombreux avions n'ont pas de treizième rang. Aux États-Unis, le quatorzième étage suit directement le douzième dans bon nombre de gratte-ciel et d'immeubles d'habitation.
Comment cette phobie du nombre 13, à laquelle les Anglo- Saxons ont même jugé utile de donner un nom, la triskaidekaphobia, est-elle apparue?
L'idée elle-même remonte au moins à la mythologie nordique de l'ère préchrétienne. A Walhalla, se tenait un banquet auquel 12 divinités avaient été conviées. Soudain, Loki, dieu de la guerre et du mal, fit irruption dans la salle, élevant à 13 le nombre des convives. On voulut alors le chasser, ce qui déclencha une violente dispute dans laquelle Balder, le dieu le plus aimé de tous, trouva la mort.
Il s'agit là de la plus ancienne référence écrite à la malédiction qui plane sur le nombre 13. Née en Scandinavie, la superstition s'étendit bientôt à toute l'Europe. A l'aube de l'ère chrétienne, elle était donc bien ancrée dans tout le bassin méditerranéen. Elle allait trouver un nouveau souffle avec le repas le plus célèbre de l'histoire de l'humanité, la Cène, où le Christ et ses apôtres étaient 13 autour d'une table. Moins de vingt-quatre heures après, Jésus était crucifié.
Une fois qu'une croyance se trouve bien ancrée dans les esprits, les gens s'efforcent, consciemment ou non, d'en apporter la preuve. En 1798, une publication anglaise, le Gentleman's Magazine, voulut confirmer la véracité de la légende de façon mathémaatique en révélant qu'en moyenne, lorsque 13 personnes se trouvaient réunies dans une pièce, l'une d'elles allait mourir dans l'année.

Vendredi 13 : pour expliquer la véritable terreur qu'inspire ce jour, les spécialistes se sont penchés sur les événements désastreux dont il fut, semble-t-il, le théâtre. D'après la tradition, ce fut un vendredi 13 qu'Ève tenta Adam avec la pomme, que l'arche de Noé fut lancée sur les flots, qu'une confusion de langues frappa la tour de Babel, que le temple de Salomon fut détruit et que le Christ mourut sur la croix.
Cependant, la véritable origine de la superstition semble également se situer dans une légende nordique. Vendredi était l'autre nom de Frigga, la déesse de l'amour et de la fertilité. Lorsque les tribus nordiques et germaniques se convertirent au christianisme, Frigga fut bannie, envoyée au sommet d'une montagne et considérée comme sorcière. On raconta alors que chaque vendredi, la déesse, pleine de rancune, convoquait 11 sorcières, plus le diable (ils se retrouvaient donc à 13), pour comploter de mauvais tours. Durant de nombreux siècles en Scandinavie, le vendredi fut connu comme le « Sabbat des sorcières ».

le chat noir

La crainte du chat noir qui traverse une allée a une origine très récente. Cette croyance va d'ailleurs à l'encontre de la vénération dont le chat était l'objet en Égypte à l'époque de sa domestication, vers 3000 av-JC.
Dans l'Égypte antique tous les chats, y compris les noirs, étaient tenus en très haute estime et protégés par la loi. Cette idolâtrie était telle que lorsque l'animal mourait, toute la famille prenait le deuil ; et les pauvres comme les riches embaumaient le corps du défunt de manière très raffinée, l'enveloppant dans des linges fins avant de le placer dans des sarcophages en matériaux précieux tels que le bronze ou même le bois (très rare dans ce pays quasi désertique qu'était l'Égypte). Et dans les cimetières de chats qui furent mis à jour par les archéologues, les chats noirs momifiés étaient loin de constituer des exceptions.
Impressionnés par la grande résistance du chat, capable de sortir indemne de chutes d'une hauteur considérable, les Egyptiens en vinrent à croire que le chat disposait de neuf vies.
La popularité du chat se développa rapidement au cours des âges. Des documents vieux de deux mille ans, rédigés en sanscrit, évoquent son rôle dans la société indienne. Et en Chine, vers 500 av-JC, Confucius possédait un chat. En l'an 600 ap-JC, le prophète Mahomet prêchait avec un chat dans les bras, et à la même époque, les japonais commençaient à adopter des chats dans leurs pagodes pour protéger les manuscrits sacrés. Jusque-là, voir un chat traverser une allée devant soi était de bon augure.
La crainte du chat, surtout noir apparut au Moyen-Age en Europe, plus particulièrement en Angleterre. Son caractère indépendant, obstiné et sournois, ajouté à la soudaine surpopulation de ces animaux dans les grandes villes, contribua à sa disgrâce. Or les chats de gouttières étaient souvent nourris par de vieilles femmes pauvres et solitaires et, lorsque l'obsession de la sorcellerie envahit l'Europe, beaucoup de ces femmes sans abri furent accusées de pratiquer la magie noire et par association, les chats qu'elles entretenaient (surtout les noirs) furent eux aussi jugés coupables de sorcellerie.
Vers la fin du Moyen-Age, de nombreuses sociétés tentèrent d'exterminer les chats. Alors que la phobie des sorcières se transformait en véritable paranoïa, nombreuses furent les femmes qui moururent sur le bûcher en compagnie de leurs innocents compagnons. En France, des milliers de chats étaient brûlés chaque mois jusqu'à ce que Louis XIII, vers 1630, mît un terme à cette cruelle pratique. Vu le nombre de siècles pendant lesquels des chats noirs furent sacrifiés dans toute l'Europe, n'est-il pas surprenant de constater que le gène de la couleur noire a survécu? A moins que les chats ne possèdent effectivement neuf vies...

Egalement, une légende britannique raconte que Napoléon qui était très superstitieux et qui détestait particulièrement les chats noirs, en aurait vu un avant la bataille de Waterloo, ce qui expliquerait sa défaite.

un parapluie ouvert

dans une maison

Les premières superstitions relatives au parapluie datent des premiers Égyptiens, pour qui cet objet, fabriqué avec art à l'aide de papyrus et de plumes de paon, était empreint de signification religieuse. Ces premiers parapluies n'étaient absolument pas destinés à protéger de la pluie (phénomène rare et véritable bénédiction dans l'Égypte aride), mais servaient de parasols contre l'implacable soleil qui sévissait toute la journée.
Les Egyptiens croyaient que la voûte céleste était formée par le corps de Nut, la déesse des cieux (3000 ans av-JC). Son corps arqué formait une sorte de pont au-dessus de la terre, ne touchant le sol que par l'extrémité des orteils et des doigts. Les parapluies fabriqués par l'homme représentaient donc la déesse Nut en miniature, sous laquelle seuls les nobles étaient autorisés à s'abriter. L'ombre formée à l'extérieur par l'un de ces parapluies était sacrée et, pour le commun des mortels, le seul fait d'y pénétrer, même involontairement, était un sacrilège, un présage de mauvais augure. (Cette croyance était inverse chez les Babyloniens, qui considéraient comme un honneur de poser ne serait-ce qu'un pied dans l'ombre formée par le parasol du roi.)
L'idée qu'un parapluie ouvert dans une maison porte malheur est plus récente : au 18ème siècle, à Londres, lorsque commencèrent à se répandre les parapluies à armature métallique, leurs mécanismes d'ouverture en faisaient de véritables dangers publics à l'intérieur des maisons. Un parapluie déplié brusquement dans une petite pièce pouvait blesser gravement un adulte ou un enfant, ou briser un objet fragile. Et même un incident mineur risquait de provoquer une vive discussion, voire une véritable dispute, ce qui était dommage dans une famille ou entre amis. Aussi la superstition fut-elle créée dans un but de dissuasion.

passer sous

une échelle

Tout comme pour le parapluie, cette superstition semble trouver son origine dans une attitude de prudence élémentaire évidente : il vaut mieux éviter de passer sous une échelle dans la mesure où un outil tombant des mains de l'ouvrier à son sommet se transforme en une arme meurtrière.
La véritable origine de la superstition n'a cependant rien à voir avec cette explication : une échelle appuyée contre un mur forme un triangle, longtemps considéré, dans de nombreuses civilisations, comme l'expression la plus courante de la sainte trinité des dieux. Ainsi, les pyramides étaient constituées de plans triangulaires et pour un simple mortel, traverser un triangle revenait à profaner cet espace sacré.
Pour les Égyptiens, l'échelle représentait un symbole de chance : elle avait sauvé le dieu Osiris de l'emprisonnement dont le menaçait l'esprit des ténèbres. L'échelle était également une représentation symbolique illustrant l'ascension des dieux, et l'on en plaçait toujours une dans les tombes des rois égyptiens pour aider ces derniers à monter jusqu'au ciel.
Plusieurs siècles plus tard, les disciples de JC adaptèrent la superstition de l'échelle en l'interprétant à la lumière de la mort du Christ : parce qu'on en avait appuyé une sur la croix lors de la crucifixion, l'échelle devint un symbole de cruauté, de trahison et de mort. Passer sous une échelle revenait à courir à sa perte. Au 17ème siècle, en France et en Angleterre, on obligeait les condamnés à mort à passer sous une échelle, tandis que le bourreau la contournait.

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